La Nuit Etoilée fu
t une revue illustrée rédigée par des artistes, des écrivains et des chercheurs internationaux.
Son regard exigeant et libre parcourait les arts passés et présents,
l'image et le langage,
dans des travaux inédits et de qualité.

Ce blog réunit quelques articles des 7 numéros parus de 2010 à 2012.

lundi 6 décembre 2010

Le Tétramorphe






Un rappel sur ce motif théologique qui traverse tout l'art religieux chrétien et mystique, sous diverses formes.

Très fréquente dans l’art roman, la représentation du Tétramorphe – du grec tétra, « quatre », et morphé, « forme » – a pour origine la vision de saint Jean, au chapitre IV de l’Apocalypse : « Et voici, un trône se dressait dans le ciel, et, siégeant sur le trône, quelqu’un. […] Devant le trône, comme une mer limpide, semblable à du cristal. Au milieu du trône et l’entourant, quatre animaux couverts d’yeux par-devant et par-derrière. Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait comme un aigle en plein vol. »
Chacun de ces « quatre Vivants » – qui étaient déjà apparus à Ézéchiel, près du fleuve Kébar (Ézéchiel, 1, 4-14) – fut tôt assimilé, dans la tradition chrétienne, à un épidose majeur de l’histoire du Christ : l’homme symbolise l’Incarnation ; le bœuf, animal des sacrifices, la Crucifixion ; le lion, la Résurrection, car selon les anciens bestiaires, la lionne mettait bas des petits sans vie, que leur père ranimait de son souffle au bout de trois jours ; enfin, l’aigle symbolise l’Ascension. En outre, depuis saint Irénée († 208), les quatre animaux sont associés aux quatre Évangélistes : l’homme est identifié à Matthieu, dont l’Évangile commence par la généalogie humaine du Christ ; le bœuf, animal sacrificiel, représente saint Luc, dont l’Évangile s’ouvre par le service du prêtre Zacharie au temple ; le lion est attribué à saint Marc, dont le texte débute avec la voix de saint Jean le Baptiste criant dans le désert ; enfin, l’aigle est identifié à saint Jean, dont les premières phrases de l’Évangile sont consacrées à la contemplation du Verbe, « vraie lumière » – or, selon les bestiaires, l’aigle est le seul animal à pouvoir regarder le soleil en face.

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