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Grues dansant, encre sur papier, 2002, 135 x 67 cm. |
Par Dorothée Sers-Hermann
Par la grâce de son pinceau, par la richesse de ses inspirations et la subtile alliance qu'il a pu réaliser entre tradition et modernité, Wu Guanzhong est un des très grands maîtres de notre époque.
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Deux hirondelles, 1981, 68 x 37 cm. |
Ce peintre de génie, qui est venu étudier en France dans les années cinquante – s’est attaché, durant sa longue carrière, à réconcilier les deux tendances occidentales et chinoises de la peinture afin de redonner à la peinture un nouveau souffle, un « métissage ». Peu épargné par les critiques maoïstes lors de son accession au professorat des Beaux-Arts de Pékin (ces derniers ne juraient que par la peinture réaliste de style soviétique), Wu Guanzhong, qui se destinait à être professeur de peinture pour les écoliers de campagne, fut pressé de se retirer en province pour enseigner. Bien plus tard, il fut le premier peintre vivant à avoir été exposé au British Museum, en 1992.
Pauvreté de moyens, synthèse exceptionnelle des trois fondamentaux de la peinture (selon Camille Corot : lumière, forme, sentiment), le peintre rayonne dans les œuvres qu’il nous a laissées.
« Wu Guanzhong estime que la beauté formelle d'une peinture découle des sensations premières éprouvées par le peintre face à la vraie nature. C'est ce qui le conduit à peindre sur le vif. Il a parcouru toute la Chine, accumulant de très nombreux dessins d'après nature, et ce, même pendant les périodes les plus dures. Pendant les années soixante-dix, tandis qu'avec sa femme il avait été envoyé à la campagne et qu'il n'avait aucun matériel, il continua à croquer sur le vif les gens et les paysages, en se servant de cartons de récupération comme planche à dessin et de seaux en osier, qui servaient à transporter le fumier, comme mallette. Beaucoup de personnes se moquaient alors de lui, en le traitant de “peintre de l'École des seaux de fumier”... […] Wu Guanzhong pense que les œuvres les plus admirables naissent du travail d'abstraction qu'accomplit le peintre face à la nature, d'une lente épuration, qui font que, tout en conservant des liens avec la réalité, l’œuvre peinte en est très différente, ce qui lui donne sa propre beauté. » (He Yifu, ancien élève de Wu Guanzhong, « Wu Guanzhong, un peintre francophile », 1997 ; traduction de Bernard Allanic.)
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