La Nuit Etoilée fu
t une revue illustrée rédigée par des artistes, des écrivains et des chercheurs internationaux.
Son regard exigeant et libre parcourait les arts passés et présents,
l'image et le langage,
dans des travaux inédits et de qualité.

Ce blog réunit quelques articles des 7 numéros parus de 2010 à 2012.

lundi 6 décembre 2010

À propos de Wu Guanzhong


Grues dansant, encre sur papier, 2002, 135 x 67 cm.
Par Dorothée Sers-Hermann


Par la grâce de son pinceau, par la richesse de ses inspirations et la subtile alliance qu'il a pu réaliser entre tradition et modernité, Wu Guanzhong est un des très grands maîtres de notre époque. 







Deux hirondelles, 1981, 68 x 37 cm.
Le 25 juin 2010 a disparu ce francophile, né en Chine le 29 août 1919. 
Ce peintre de génie, qui est venu étudier en France dans les années cinquante – s’est attaché, durant sa longue carrière, à réconcilier les deux tendances occidentales et chinoises de la peinture afin de redonner à la peinture un nouveau souffle, un « métissage ». Peu épargné par les critiques maoïstes lors de son accession au professorat des Beaux-Arts de Pékin (ces derniers ne juraient que par la peinture réaliste de style soviétique), Wu Guanzhong, qui se destinait à être professeur de peinture pour les écoliers de campagne, fut pressé de se retirer en province pour enseigner. Bien plus tard, il fut le premier peintre vivant à avoir été exposé au British Museum, en 1992.
Pauvreté de moyens, synthèse exceptionnelle des trois fondamentaux de la peinture (selon Camille Corot : lumière, forme, sentiment), le peintre rayonne dans les œuvres qu’il nous a laissées.
« Wu Guanzhong estime que la beauté formelle d'une peinture découle des sensations premières éprouvées par le peintre face à la vraie nature. C'est ce qui le conduit à peindre sur le vif. Il a parcouru toute la Chine, accumulant de très nombreux dessins d'après nature, et ce, même pendant les périodes les plus dures. Pendant les années soixante-dix, tandis qu'avec sa femme il avait été envoyé à la campagne et qu'il n'avait aucun matériel, il continua à croquer sur le vif les gens et les paysages, en se servant de cartons de récupération comme planche à dessin et de seaux en osier, qui servaient à transporter le fumier, comme mallette. Beaucoup de personnes se moquaient alors de lui, en le traitant de “peintre de l'École des seaux de fumier”... […] Wu Guanzhong pense que les œuvres les plus admirables naissent du travail d'abstraction qu'accomplit le peintre face à la nature, d'une lente épuration, qui font que, tout en conservant des liens avec la réalité, l’œuvre peinte en est très différente, ce qui lui donne sa propre beauté. »  (He Yifu, ancien élève de Wu Guanzhong, « Wu Guanzhong, un peintre francophile », 1997 ; traduction de Bernard Allanic.)

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