Un rappel sur ce motif théologique qui traverse tout l'art religieux chrétien et mystique, sous diverses formes.
Très fréquente dans l’art roman, la représentation du Tétramorphe – du grec tétra, « quatre », et morphé, « forme » – a pour origine la vision de saint Jean, au chapitre IV de l’Apocalypse : « Et voici, un trône se dressait dans le ciel, et, siégeant sur le trône, quelqu’un. […] Devant le trône, comme une mer limpide, semblable à du cristal. Au milieu du trône et l’entourant, quatre animaux couverts d’yeux par-devant et par-derrière. Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait comme un aigle en plein vol. »
Chacun de ces « quatre Vivants » – qui étaient déjà apparus à Ézéchiel, près du fleuve Kébar (Ézéchiel, 1, 4-14) – fut tôt assimilé, dans la tradition chrétienne, à un épidose majeur de l’histoire du Christ : l’homme symbolise l’Incarnation ; le bœuf, animal des sacrifices, la Crucifixion ; le lion, la Résurrection, car selon les anciens bestiaires, la lionne mettait bas des petits sans vie, que leur père ranimait de son souffle au bout de trois jours ; enfin, l’aigle symbolise l’Ascension. En outre, depuis saint Irénée († 208), les quatre animaux sont associés aux quatre Évangélistes : l’homme est identifié à Matthieu, dont l’Évangile commence par la généalogie humaine du Christ ; le bœuf, animal sacrificiel, représente saint Luc, dont l’Évangile s’ouvre par le service du prêtre Zacharie au temple ; le lion est attribué à saint Marc, dont le texte débute avec la voix de saint Jean le Baptiste criant dans le désert ; enfin, l’aigle est identifié à saint Jean, dont les premières phrases de l’Évangile sont consacrées à la contemplation du Verbe, « vraie lumière » – or, selon les bestiaires, l’aigle est le seul animal à pouvoir regarder le soleil en face.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire